Votera ? Votera pas ? Je suis quasi sûre que beaucoup d'entre vous en sont encore à se poser cette question à l'heure qu'il est, alors que la première évaluation nationale affichait "fièrement", à 12 h, environ 18 % de votants, ce qui,  représentait presque 3 % de plus qu'aux précédentes élections départementales de 2011.

En regardant les informations, on pouvait déceler un début d'enthousiasme parmi les journalistes qui espéraient que, pour une fois, les statistiques qui annonçaient un très fort taux d'abstention se tromperaient. La prudence doit rester de mise cependant : une grande part des électeurs "votants" se compose de "séniors" qui, par conviction, ne seraient absents des urnes que pour raisons indépendantes de leur volonté, comme maladie, etc. Cette tranche d'âge, a l'habitude de remplir ses "obligations" tôt le matin (attention ! j'en entends déjà qui disent "de toute façon, ils n'ont que ça à faire !" C'est très, très méchant et injustifié ! sinon, pourquoi nos mêmes "séniors" seraient-ils obligés, la semaine, de prendre les transports en commun ou de faire leurs courses pendant les heures dites "de pointe", juste lorsque ceux qui ont la "chance" de travailler s'y trouvent aussi ?) ; d'autant que le dimanche n'est pas que "jour d'élections" mais avant tout "Jour du Seigneur" ! donc, le bon timing pour nos "séniors" (qui ne se seront pas endimanchés pour rien) c'est : on prend la voiture, on va voter puis on va à la messe.

Pour ma part, et j'en reviens à mon cas personnel, je n'arrivais pas à me décider sur ce que j'allais faire. Alors, j'essayais de trouver ma "voix" en écoutant les informations à la télé ou consultant quelques articles sur internet. J'avoue être passée du "ras-le-bol ! je n'irai pas ; de toute façon ça sert à rien ; qui qui soient au gouvernail c'est tout pour eux et toujours les mêmes qui payent !" ; au "il faut que j'y aille ! c'est un devoir ; nos aînés se sont battus pour obtenir ce droit (encore plus les femmes !). Y aller, OUI ! mais pour voter QUOI ? La seule voie qui me paraissait refléter ma situation vis-à-vis de la politique était le bulletin blanc ! Seulement, entre temps, les spécialistes nous ont à nouveau expliqué que voter BLANC permettait que nous soyons enregistrés comme "votants" mais que notre bulletin ne sera pas comptabilisé car considéré comme "non exprimé"... QUAND ? considérera-t-on en France qu'un(e) citoyen(ne) a le droit de ne pas savoir à quel Saint se vouer et de le dire haut et fort ?  Peut-être, quelque part, cela établirait-il aux yeux de tous l'incompétence ou, soyons gentils, la non-compétence, de la plupart de "nos" élus à rassurer leurs concitoyen(ne)s sur l'écoute, l'attention et le RESPECT dont ils les favorisent et le souci qu'ils ont de leur permettre de vivre le plus dignement possible...

Me voilà donc partie voter (pas trop tôt ! faut se respecter, tout de même : je ne me classe pas encore dans les "séniors" même si je ressens souvent l'impression d'avoir fait la plus longue "moitié" du chemin !). Et me voilà dans l'isoloir, dotée de 4 petits bulletins imprimés de noms que, pour la plupart, je ne connais pas ! (dans ce cas, dur dur de faire un choix pour une élection de proximité où, d'ordinaire, je privilégie la personne et non son étiquette !) Et là, grand moment de solitude (il faut dire que je  n'avais pas trop pris soin, les jours précédents, de détailler les affiches réglementairement placardées devant l'école élémentaire aménagée pour l'occasion en bureaux de votes ! (je sais ! cela démontre l'intérêt que j'ai porté à ces élections et je suis pitoyable !) J'ai passé un bon moment derrière mon rideau, à triturer mes bulletins avant de faire mon choix ! Je me suis sentie complétement déroutée : la plupart du temps, on a une liste par étiquette ou inversement ; deux tout au mieux ! mais là... ce ne sont plus des listes mais des "vide-poches" ! Sur le canton dont je dépens, en étant "objective" et "sans parti pris" (ce qui est le comble au moment de voter !)  je trouve que le PS et le FN méritent une médaille, celle des partis restés "droits dans leurs bottes", sans concession ! Pour les autres, voici ce que nous avions au menu :

• une liste alliant : Parti Radical / Mouvement Démocrate / Nouveau Centre / CPNT / UDI / UMP
• une autre, "soutenue" par "Les Alternatifs" /  PCF / Front de Gauche / Europe Ecologie Les Verts / Nouvelle Donne

Eh bien là, c'est du "grand Art" ! je défie M. ou Mme Tout Le Monde de m'expliquer, déjà, les positions individuelles de certains partis ! Alors que, régulièrement, on entend les uns ou les autres représentants proclamer haut et fort qu'il n'y a qu'eux pour se battre sur tel ou tel sujet "brûlant" : chômage, environnement, santé... En plus, certains noms m'interpellent un peu dans ma logique sûrement trop étriquée : nous voilà avec un "Nouveau Centre", une "Nouvelle Donne"... Charabia d'initiés que tout cela ! et c'est à nous qu'on demande de choisir ! Non, on exploite plutôt notre ignorance et notre désintérêt ; le marketing et la communication sont bien passés  par là et influencent à merveille nos pauvres cerveaux d'individus égarés et malmenés ! Les titres sont "attirants", mensongers mais ils drainent une "belle" image et c'est ça le plus important !  Nous, pauvres "couillon(ne)s" que nous sommes, sommes juste là pour payer, valider officiellement la manipulation, nous faire dépouiller et... en redemander ! 

Bref, j'ai voté mais je suis ressortie avec le sentiment amer de "m'être sûrement trompée" (ou égarée ?), d'avoir perdu mon temps et certaine que dans les jours qui vont suivre je perdrai aussi (encore et encore !) beaucoup d'argent.

En sortant de l'école, juste devant les panneaux d'affichage, j'ai trouvé une femme de type "asiatique" (peut-être vietnamienne ! mais peu importe ici sa nationalité) qui tentait elle aussi de déchiffrer les affiches. Elle m'a posé une question intéressante : à savoir si les personnes photographiées appartenaient à l'un des parti dont elle me montrait l'étiquette. Je n'ai pas su lui répondre ! J'ai tenté de lui montrer qu'"il" et "elle" pouvaient appartenir à l'une des étiquettes figurant en pied comme "soutien" (pas forcément la même) et de lui dire qu'en fait ces personnes "représentaient" les idées d'un groupe... Elle m'a regardée en souriant mais d'un air triste en m'expliquant qu'elle ne comprenait pas bien le système mais qu'elle allait voter quand-même... Et je lui ai répondu "Ne vous inquiétez pas ; c'est pareil pour nous !". Alors, elle a ri, m'a prise par le bras en me disant "J'essaie mais je ne comprends pas toujours tout en France" et semblait un peu rassurée par ma réponse qu'elle trouvait amusante (Pour ma part, au bout du compte, je la trouve affligeante) . Pour finir, nous riions ensemble et je lui ai simplement répondu que, au moins, elle faisait, elle aussi, l'effort de participer ! Avec le recul, je me demande si finalement ce n'est pas ça la "laïcité" dont on nous parle tant : qu'on soit de nationalité française ou pas, on est tout aussi dans le flou de ce que font nos dirigeants ... La Politique est affaire d'initiés exclusivement ! A se demander si les études qui ouvrent les portes de ce "Paradis" ne comportent pas les options "prestidigitation", "manipulation", "illusionnisme" ...

Voter ne nous apporte malheureusement pas (ou plus) le respect en échange ! L'Homme politique reste avant tout un Homme et son intérêt personnel passe et passera toujours avant celui des autres ! Il y a beaucoup à dire à ce sujet ; peut-être le ferai-je une autre fois !

Pour conclure plus sérieusement, je souhaite quand-même aborder l'obligation de parité homme-femme sur les listes. Pour cela, il me paraît judicieux de rapporter ici une analyse de Thomas Guénolé, politologue, que j'entendais ce matin aux informations de BFM TV. Pour faire réfléchir certain(e)s et analyse à laquelle j'adhère complètement (normal ! féministe comme je suis ! d'ailleurs je suis ravie que ce soit un homme qui parle de la sorte !) :

Pourtant, relève Thomas Guénolé auteur du Petit guide du mensonge en politique (ed. First) sur notre antenne (BFM TV), le scrutin est à la fois inédit avec un acte très fort de "discrimination positive" en faveur des femmes, et les enjeux pour ne nombreux aspects de la vie sociale des Français, sont très importants.

Sur l'après scrutin, l'analyste s'interroge: "Les femmes auront-elles des présidences, des postes de pouvoir? Ou seulement les postes (habituellement) réservés aux 'filles'?"